Outil de réduction de la masse salariale, de discri minations, de sanctions pécuniaires ou disciplinaires pouvant aller jusqu’au licenciement, les dispositifs d’évaluation des salariés virent au contrôle comportemental avec l’apparition de critères subjectifs. Les syndicats saisissent la justice pour dénoncer des copier-coller de méthodes anglo-saxonnes incompatibles avec notre droit du travail.
Jadis, le salarié vendait sa force de travail contre rémunération. Puis le culte de la performance est passé par là avec cette notion du dépassement de soi habituellement réservée aux sportifs. Surperformant, disponible, coopératif, astreint à des objectifs qu’il se doit de dépasser dans l’intérêt du niveau de son salaire et de sa garantie d’emploi, le travailleur du XXIe siècle doit désormais rendre des comptes sur la manière dont il atteint ses objectifs. Depuis quelques années, les systèmes d’évaluation des salariés voient fleurir la notion de comportement. [...]
Notation des salariés : Ce que dit la loi.
L’employeur tient de son pouvoir de direction, né du contrat de travail, le droit d’évaluer le travail de ses salariés. Lorsque la notation a pour effet de justifier des différences de traitement, c’est à la condition que les critères d’évaluation soient objectifs et transparents. [...]
Le CHS-CT de Hewlett Packard méne l'enquête.
En 2010, le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail de Hewlett Packard CCF a mené une enquête sur les évaluations 2009 du personnel et publié les résultats, accompagnés des commentaires des évalués. 1 010 salariés –sur un effectif de 1 670– ont participé à cette enquête révélant que la notation apparaît «injuste» à 43% d’entre eux, «source de stress» à 42%, avec «un effet sur leur santé» à 39% (troubles du sommeil, fatigue, irritabilité, anxiété, déprime). «Je suis manager et ce processus imposant clairement des quotas de mauvaises notes est difficile à vivre et difficile à ne pas appliquer vu la pression», commente l’un des participants à l’enquête. [...]
Sanofi Aventis : Du «quoi» au «comment»
Classé au deuxième rang du CAC 40, juste derrière le pétrolier Total, le groupe pharmaceutique Sanofi Aventis est une entreprise prospère: 9,2 milliards d’euros de bénéfices réalisés en 2010. Pour autant, il a supprimé 5 000 emplois en deux ans et envisage d’économiser deux milliards d’euros pour satisfaire ses actionnaires principaux que sont les fonds de pension. «Conséquence: des salaires qui stagnent, l’emploi qui baisse, une surcharge et une dégradation des conditions de travail, des pressions au quotidien pour atteindre les objectifs en hausse constante, sans contreparties, le développement du télétravail avec les ordinateurs portables qu’on emporte à la maison après une journée de dix heures de travail, des externalisations, des projets de sous-traitance tous azimuts», énumère Pascal Lopez, délégué central FO de Sanofi Aventis. [...]